[Next Gen] Max Traum

Histoire personnelle :

Nous sommes dans un monde pourri. La technologie a finit par tuer la nature. L'homme, rongé par le remord et submergé par la honte de soi, a cru que le seul salut possible se trouvait dans la technologie. L'apparition de la nanotechnologie a répondu aux attentes des millions de personnes qui ne pouvaient plus voir la simple humanité de leur propre corps. Hélas cette technologie était encore jeune et avait encore besoin d'être perfectionnée. Si elle a accordé à ses utilisateurs de nouvelles capacités, elle les a aussi défigurés, leur donnant un aspect monstrueux. Certains avaient même abusé de cette nouvelle technologie et n'avaient plus rien d'humain. Beaucoup était alors ceux qui regrettaient leur ancien corps, certes pas parfait mais, au fond, plus acceptable. Mais c'était trop tard. Le désespoir était grand.

Depuis la nuit des temps, les dirigeants savent que le désespoir est néfaste à la société. C'est pour ça qu'ils ont toujours eu besoin de faire rêver. Il y a eu d'abord la mythologie puis la religion. Au XXe siècle, ses idées s'étouffant, est apparu la publicité et elle n'a cessé de se développer depuis. De grandes affiches partout, des écrans pleins de lumière et de couleurs... pour emmener les gens ailleurs, leur faire oublier leur misère quotidienne.




Max Traum est né à Paris de parents plutôt aisés, dont un père d'origine allemande. Déjà, bébé, il était remarquablement plus beau que les autres et, avec l'âge, cette beauté n'a fait que s'accroître, s'affinant de plus en plus. En outre Max n'était pas bête et savait comment transformer cette beauté naturelle et simple en charme sophistiqué et irrésistible. Il savait quel vêtement porter pour donner telle ou telle image, ajouter une légère dose de maquillage afin d'accentuer la couleur de son regard, la fraîcheur de ses lèvres...

Petit, il arrivait toujours à faire craquer sa mère ou son père pour avoir un bonbon. Au lycée, ses conquêtes étaient aussi innombrables que variées, il y aurait même eu plusieurs de ses professeurs. Evidemment Max n'a pour autant jamais éprouvé de sentiment profond. Pour lui, l'amour n'existe pas et tout ce que ressente ces gens, c'est le bonheur de ne plus être seul. Alors, pour lui qui ne s'est jamais senti seul, tous ces sentiments restent évidemment étrangers.

C'est au lycée d'ailleurs qu'il s'est fait remarquer par un dirigeant d'une agence de mannequin, père d'une de ses conquêtes (ce qu'il savait évidemment, il n'est pas sorti avec elle pour rien). C'est à 15 ans que son visage a donc commencé à faire la une des magazines et il ne s'est pas arrêté là. Il a aussi été contacté par des publicitaires afin de promouvoir tel ou tel produit, des baskets une fois, un produit anti-acné une autre. Il fit même un peu de cinéma. Mais tout cela n'était rien par rapport à ce qui l'attendait.




C'était un jour de décembre. Il pleuvait. Max sortait d'une séance photo, heureux de la tournure que prenait sa carrière, et allait s'allumer une cigarette quand un homme l'aborda. Il avait subi une modification une modification nanotechnologique qui déformait toute la partie supérieure de son visage. Max avait toujours considéré cette nouvelle technologie comme utile pour certains, sans doute, mais surtout comme une grosse perte, vu les dégats qu'elle causait à l'apparence de ses utilisateurs. Il tenait beaucoup trop à son visage pour être tenté par elle et tant pis s'il ne pourrait jamais soulever quelque chose de plus lourd que 25kg ou voir clairement au-delà de 500m. Lui au moins ressemblerait toujours à un homme. Après, les autres faisaient ce qu'ils voulaient, si ça les amusait. Cet homme représentait le dirigeant d'une importante société qui souhaitait engager et chez qui il devait le conduite si Max le voulait bien. Intéressé par la proposition, ce dernier accepta immédiatement.

L'immeuble où on le conduisit était un des plus hauts du centre-ville, ce qui lui confirma l'importance de son client. On le fit patienter -le client avait intérêt à être réellement important pour faire ça- deux minutes dans une confortable salle d'attente puis on l'introduisit dans un bureau assez austère. Un homme était debout, dos à lui, fixant à travers l'immense baie vitrée les véhicules volants se déplacer à toute vitesse, puis il se tourna vers Max. On pouvait déceler chez lui des améliorations nanotechnologiques mais beaucoup moins apparente que chez les autres.




« Bonjour M. Traum. Je me présente, Henry Lemaret, directeur marketing de NanoEx. Je ne sais pas si vous nous connaissez. Nous sommes le premier fournisseur au monde d'implants nano-technologiques. Notre succès est énorme, vous devez vous en douter. Rares sont les gens qui ne disposent pas encore d'implants, mais ils existent. Tous sont de potentiels futurs clients. C'est un vivier encore important et notre coeur de cible. Or nous avons constaté récemment que notre image auprès de ces personnes était assez négative. Ils voient tous les jours leurs collègues, leurs voisins, leurs parents défigurés par leurs implants et hésitent à en prendre eux-même, malgré les avantages incontestables que cela apporte. Il faut prouver à ces gens-là que la nanotechnologie n'est pas aussi effrayante qu'ils le pensent. Et c'est là que vous intervenez. Nous avons beaucoup entendu parler de vous. Comment faire autrement ? On ne compte plus les magazines dont vous faites la une ou les pubs dans lesquelles vous êtes. Vous êtes beau, mieux séduisant. Permettez-moi même de dire que vous êtes l'incarnation vivante de la beauté. C'est vrai et vous le savez. C'est justement de quelqu'un comme vous, de vous, dont nous avons besoin pour redorer notre produit. Voilà ce nous vous proposons : Un contrat d'exclusivité avec nous pour une durée de deux ans, contrat renouvelable évidemment. Evidemment cette exclusivité ne concerne que la publicité. Pendant ces deux ans vous pourrez tourner les films que vous voulez, enregistrer des disque si ça vous plaît etc. Nous ne vous demandons juste de ne faire aucune autre publicité. Nous comprenons bien le manque à gagner que cela représente pour vous, c'est pourquoi nous vous proposons en échange une somme assez importante, voyez vous-même. Voici toutes les modalités de notre contrat. »




Lemaret tendit au mannequin une feuille où ce dernier lut une somme astronomique, qui le surprit. De plus, il aurait à sa disposition un appartement luxueux dans le quartier chic de la ville et une voiture de fonction. Et que devrait-il faire pour cela ? Juste poser pour quelques photos qui seraient affichés dans le monde entier sur d'énormes panneaux. Avec ça, sa rénommé serait internationale et n'aurait plus aucune limite. Il pourrait faire ce qu'il veut. A 20 ans, c'était une occasion incroyable et il ne devait surtout pas la laisser passer. Alors il signa.




Voilà un an que ce contrat avait été signé. Max était à une fête organisée par NanoEx afin de célébrer cet événement. Il y avait énormément de monde à cette soirée : Des photographes, d'autres modèles, des dirigeants de NanoEx et d'entreprises partenaires et des journalistes, forcément. Tous le félicitaient pour la fantastique campagne dont il avait été le centre et qui avait permis d'atteindre les objectifs de l'entreprise, comme les siens. Il faut dire que cette année avait été bien remplie : Il avait posé pour NanoEx et comme prévu les photos avaient été affichées dans toutes les villes, partout dans le monde, sur d'énormes panneaux. Personne ne pouvait y échapper et cette stratégie avait évidemment fini par porter ces fruits. Le nombre d'implants installés par NanoEx avait augmenté de 75 % et cela ne
devait pas s'arrêter ainsi. Les banques avaient créé des crédits spécifiques afin que même les plus pauvres puissent se dôter de nano-technologie. Bien sûr ils s'endettaient pour des implants de basse-catégorie et ne pourraient jamais les rembourser mais cela, ils ne le savaient évidemment pas. Max se souciait peu de ce qu'il avait pu causer comme problèmes, il s'était enrichie et sa réputation avait considérablement grandi. Encore un an à travailler pour NanoEx, c'est-à-dire une année quand même relativement tranquille pour lui, et il pourrait enfin entièrement se consacrer à sa carrière.

Alors qu'il buvait un cocktail avec un écrivain en mal de sexe à succès et une bimbo prétendument actrice, il reçut un sms provenant d'un vieil ami le félicitant pour son succès et désirant le voir ce soir là. Lui. Ce ne pouvait pas être possible. Ils s'étaient quittés définitivement, voilà au moins cinq ans et se revoir n'avait jamais été une option.Que voulait-Il encore ? Probablement de l'argent. Max prit son manteau et partit discrètement de la fête. Tout le monde était trop occupé à boire et à faire semblant d'être quelqu'un d'important pour faire attention à son départ.




Il lui avait donné rendez-vous à l'extérieur de la ville, sur une falaise qui lui rappelait tant de souvenirs. Il s'y était passé tant de choses... Il ne fallait plus penser à ça. Ca appartenait au passé et ne devait pas le quitter. Il verrait ce qu'Il lui voulait, réglerait le problème et on n'en reparlerait plus. Tout cela ne devait pas ressurgir maintenant, ça gâcherait tout, et Il le savait très bien. Max n'eut pas à attendre longtemps. Au bout de cinq minutes, l'Autre fit son apparition, sortant de la forêt qui s'étendait tout autour. Il n'avait pas tellement changé. Certes une barbe épaisse et sauvage rongeait son visage, ses cheveux crasseux avaient poussé au point de former une folle crinière et de nombreuses cicatrices abimaient son corps autrefois aussi lisse que celui d'un nouveau-né mais on sentait toujours une imposante sensation de puissance émaner de Lui. On ne pouvait ignorer sa présence, Il savait encore plus que Max dominer les autres et obtenir d'eux ce qu'il voulait. C'est Lui qui lui avait tout appris. Son maître.




« Tu me surveilles depuis combien de temps ?

- Le début.Tu t'en doute. Juste le temps qu'il faut pour deviner
tout ce dont j'avais besoin.
- Ah bon ? Satisfait alors ?
- Oh oui, c'est certain. Je me suis régalé du spectacle de ta peur. Tant d'années ont passé et pourtant je vois toujours en toi le morveux qui s'amusait avec les filles et était impressionné devant mon discours. Malgré tous tes artifices, je sens toujours le gamin peureux en toi.
- Contrairement à ce que tu sembles penser, j'ai changé. Je ne suis
plus le même môme abruti. J'ai fais des progrès. Tu ne me fais plus peur.
- Ah bon ? Si tu le dis. Pourtant, ce n'est pas ce que je sens. Mais je
peux me tromper, même si tu sais que ça arrive rarement. Sous tous tes parfums, tu pues la peur, mon pauvre Max. Tu ne peux me résister. Tu es et sera toujours mon jouet. »



Lentement, insidieusement, comme une créature de l'ombre, une serpent démoniaque, Il s'était rapproché de Max au point d'être maintenant juste en face de celui-ci. Il pouvait sentir le souffle chaud et brut heurter son visage, imperturbable. Soudain l'Autre se jeta sur lui, comme un fauve sur une proie, l'enserrant dans ses bras et l'embrassant violemment. Max se débattit un instant avant de céder à cette agression, comme prévu. Il sentait les mains le parcourir tout en maintenant une certaine pression destinée à l'empêcher de s'échapper, même s'il n'opposait aucun résistance. La fièvre montait en lui sans qu'il ne puisse rien contrôler. Soudain Il relacha son étreinte, laissant Traum essouflé par ce fougeux et infernal baiser.


« Tu embrasses toujours aussi bien, Max, dit-Il en essuyant sa bouche avec
le dos de sa main. Ca me rappelle le bon vieux temps. Pourquoi n'est-ce plus comme ça ? Pourquoi es-tu parti ?

- Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question et tu le sais très bien. Mais je n'ai pas envie de connaître la réponse. Ca m'étonnerait venant de ta part que cette invitation ait pour seul but de se rappeler le bon temps, comme tu dis. Dis-moi ce que tu veux, qu'on en finisse.
- Que tu es pressé, mon petit. D'accord, d'accord, je vais te dire ce que je désire. J'ai vu les affiches, TES affiches. Bravo. Tu as réussi, je te félicite. Je te rassure, je ne veux pas d'argent. Ce que je veux, c'est toi. Tu es MA créature et je t'interdis de te vendre à d'autres.
- C'est un peu tard pour dire ça. Tu aurais pu y penser plus tôt.
- Oui, peut-être, pourtant tu vas m'obéir. Sinon je révelerais
tout ce que je sais. Peu importe si je tombe. Je n'ai plus rien à
perdre, comme tu peux le voir. Toi, par contre...
- Tu n'oserais jamais. Tu n'as pas le droit. Tu... tu...
- Je ?
- Ca n'a pas d'importance. Fais ce que tu veux. Moi, je pars, j'en ai
marre de tes menaces. Je n'aime pas sentir la moindre épée de Damoclès flotter au-dessus de ma tête.
- Oh non, Max, tu ne vas pas partir comme ça. »



A ce moment, dans un geste vif et précis, Il saisit un jerrican qui trainaît par terre et versa son contenu sur Max, éclaboussant son visage. Le liquide poisseux collait ses cheveux contre son front, l'odeur irritait ses fragiles narines... Puis l'allumette, l'étincelle. Max la vit briller entre les doigts de Celui qui avait été son maître et comprit immédiatement. Il voulut fuir, partir loin d'ici. En reculant, il trébucha sur une racine et s'écroula par terre. Il était sans défense devant son agresseur, le visage de Celui-ci défiguré par un sourire sadique. L'étincelle vola quelques instants dans les airs. Puis elle retomba. Tout son corps s'enflamma instantanément. Il sentit les flammes lécher son corps. Et rien. L'extinction générale des feux.